Ces dernières années, les cigarettes électroniques ou « e-cigarettes » ont connu un essor considérable. Elles ont la forme de cigarettes, elles en reproduisent plus ou moins les sensations et en ont même parfois le goût.

Elles sont donc souvent présentées par leurs fabricants comme un produit permettant de fumer sans danger ou comme une aide au sevrage tabagique. Pourtant,  leurs effets sur la santé et leur efficacité n’ont pas encore été évalués. Ainsi, une certaine prudence s’impose…

En attendant d’avoir quelques résultats de l’enquête demandée par la ministre de la Santé Marisol Touraine, essayons de faire le point sur la question.Les e-cigarettes apparaissent sous des formes variées mais sont généralement constituées d’une batterie, dispositif permettant de faire fonctionner la résistance et d’une cartouche dans laquelle se trouve un liquide dit de base (du propylène glycol ou/et du glycérol) contenant des arômes et souvent de la nicotine.

Lors de l’aspiration, le liquide chauffé par la résistance va être mélangé à l’air inspiré et ensuite diffusé sous forme de vapeur. Cette vapeur qui reproduit la fumée d’une cigarette est inhalée par l’utilisateur. Lorsque la cartouche est vidée de son liquide, l’utilisateur la remplit à nouveau ou la remplace. Parfois, une diode s’allume à l’extrémité afin de simuler la combustion.

La chimie des substances inhalées et leur toxicité est au centre du débat sur la nocivité des cigarettes électroniques.Au-delà de l’engouement suscité par la e-cigarette, il est nécessaire de connaître son effet sur la santé. Sur ce sujet, les avis s’opposent.D’un côté, les partisans arguent qu’une e-cigarette est bien moins nocive qu’une cigarette ordinaire puisque c’est avant tout les substances contenues dans la fumée de tabac (cancérigènes, irritants, monoxyde de carbone,…) qui provoquent des maladies mortelles.

Ils insistent également sur le fait que prendre de la nicotine de cette manière est bien plus agréable que sous la forme de substituts (patch, gommes, etc.) et donc sans doute au moins aussi efficace dans l’aide au sevrage tabagique.

D’un autre côté, les opposants disent que l’innocuité de l’inhalation des substances contenues dans les cigarettes électroniques n’a pas encore été démontrée. Dans le cas du sevrage, ils affirment que l’on devrait utiliser plutôt les substituts nicotiniques autorisés.En effet, contrairement aux substituts nicotiniques dont la sécurité d’utilisation et la qualité font l’objet d’une autorisation de mise sur le marché, de procédures rigoureuses de production et d’évaluation, et dont la vente s’effectue dans le circuit pharmaceutique sécurisé, les cigarettes électroniques sont le vecteur d’une vente non contrôlée de nicotine.

Il apparaît d’une part que l’étiquetage ne reflète pas le contenu réel en nicotine et que d’autre part les quantités de nicotine mises à disposition du consommateur de cigarettes électroniques peuvent atteindre des niveaux à risque pour la santé. Fin juillet 2009, l’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments, la Food and Drug Administration (FDA), a publié un article mettant en garde contre les risques possibles des cigarettes électroniques. Certaines analyses en laboratoire avaient révélé la présence de substances toxiques ou cancérigènes telles que les nitrosamines (cancérigènes) dans les cartouches ou le diéthylène glycol, produit très toxique. Actuellement, on ne retrouve pas ce diéthylène glycol dans les cigarettes utilisées sur le sol français.

Cependant, cette cigarette est-elle pour autant dénuée de risques ?

L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament) reste, quant à elle, très réticente par rapport à l’usage de ce produit. Quels sont ses arguments ?

Premièrement, on n’a pas de données de l’impact sur la santé des solvants utilisés régulièrement et, qui plus est, chauffés (propylène glycol et glycérol) à moyen ou long terme. De plus, afin de  produire le nuage, le vapoteur doit exercer un grand vide (une inhalation importante), ce qui a pour conséquence une pénétration plus profonde dans les voies respiratoires de ces produits, pouvant induire d’éventuels effets néfastes sur la santé. Certains posent aussi la question de savoir si la glycérine végétale présente ne pourrait pas être à l’origine de pneumopathies huileuses.

Deuxièmement, cette cigarette présente des problèmes dus à la présence de nicotine qui pourrait être à l’origine d’effets graves chez les enfants. L’ANSM rappelle que la nicotine en France est inscrite sur les la liste des substances dangereuses, et en tant que médicament sur la liste I des substances vénéneuses. Le risque est surtout lié à la mise à disposition des « e-liquides » (flacons de remplissage) qui, par leur présentation sous forme de flacon non sécurisé et par les quantités de nicotine mises en œuvre, constituent une menace sérieuse lors de l’absorption, notamment par les enfants (ingestion accidentelle même de faible volume ou par contact).

Troisièmement, cette cigarette peut aussi induire un risque de dépendance, quel que soit le taux de nicotine, surtout chez des utilisateurs jeunes ou chez des utilisateurs qui ne sont pas encore dépendants. L’initiation au tabagisme pourrait aussi en être facilitée. Par ailleurs, on ne sait pas si cette cigarette présente un risque pour la femme enceinte ou qui allaite.

On rappelle que du point de vue des statuts, un produit peut être considéré comme un médicament si la recharge contient plus de 10 mg de nicotine (ce qui est le cas ici) ou s’il est préconisé dans l’aide au sevrage. Or la cigarette électronique n’a pas reçu d’AMM (autorisation de mise sur le marché) en tant que médicament et ne peut donc pas être vendue légalement dans les pharmacies.

La cigarette électronique présente beaucoup d’inconnues ; avant de se lancer dans l’acquisition de cet objet, il est bon de tester les produits pharmaceutiques qui ont fait leur preuve quant à l’aide à la réduction ou à l’arrêt du tabagisme et quant à leur innocuité (cela peut être le cas de l’inhaleur nicotinique).

On rappelle que la cigarette électronique n’est pas un jouet, qu’elle présente des risques potentiels de toxicité ou de dépendance chez les non-fumeurs ou chez les jeunes fumeurs très occasionnels. Elle n’est pas à utiliser par les femmes enceintes ou qui allaitent.Il est nécessaire, de toute façon, que des études scientifiques et médicales conséquentes apportent des données concernant l’impact sur la santé à court ou long terme d’une utilisation de ces cigarettes. On attire particulièrement l’attention sur les produits achetés sur internet dont les éléments (solvant, quantité de nicotine spécifiée) ne sont pas toujours indiqués ou vérifiés.

Source : http://lesouffle.org

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