La cigarette électronique fait reculer le tabagisme
L’essor de la cigarette électronique fait reculer le tabagisme alors que, pour la première fois, en 2013, les traitements de l’arrêt du tabac sont en baisse, pointe l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).
Entre 8 et 9 millions de Français ont déjà essayé la e-cigarette et un à deux millions l’utilisent quotidiennement, selon l’OFDT qui vient de publier ses chiffres définitifs de ventes du tabac 2013.
Ce 9e bilan annuel s’enrichit d’une enquête Etincel sur la « e-cig » qui illustre le boom récent du vapotage.
Ainsi, l’usage de la cigarette électronique réduit la « quantité moyenne consommée par les fumeurs » et explique pour partie, avec la hausse des prix, la baisse des ventes en 2013, estime l’observatoire.
Mais seulement 1% des Français déclaraient avoir cessé complètement de fumer grâce à l’e-cigarette, à la date de l’enquête, réalisée fin 2013 auprès d’un échantillon représentatif de 2.052 individus âgés de 15 à 75 ans.
« Tout ce qui diminue le nombre de cigarettes (fumées) est une bonne nouvelle », lance le Pr Bertrand Dautzenberg en insistant aussi sur la notion essentielle de « produit plaisir » avec l’e-cigarette.
« Beaucoup n’aiment pas la vapeur dans la gorge, mais quand ça plaît, ça plaît à donf ! », dit à l’AFP ce pneumologue, président de l’Office français du tabagisme, qui suggère d’adjoindre, au besoin, au vapotage d’autres moyens comme les substituts à la nicotine.
En novembre 2013, au moment de l’enquête Etincel, les trois quarts de ceux qui avaient vapoté au cours des 30 derniers jours, indiquaient le faire depuis moins de six mois. On manque donc encore de recul pour mieux cerner succès et échecs de cette méthode, ainsi que leurs causes, selon les spécialistes.
Pour la première fois, le volume des ventes de tabac passe sous la barre des 60 millions de tonnes, avec un recul des ventes de cigarettes (environ 80% du marché) de 7,6 %, souligne ce 9e bilan annuel OFDT.
Le tabac à rouler continue certes de progresser, mais de façon moins importante que les années précédentes (+ 2,6%).
Un petit million de vapofumeurs
Et rien en permet d’affirmer que les achats à meilleurs prix dans les pays voisins (Belgique, Espagne, etc.) ont augmenté.
« Rapporté à la population des 15-75 ans, ce sont 2,5 millions (de personnes) qui ont utilisé la e-cig le mois dernier (6%) dont 1,5 million tous les jours et 620.000 exclusivement (1,3%) », souligne le Pr Dautzenberg.
« Il y a un petit million de « vapofumeurs » qui vapotent et fument à la fois », ajoute-t-il.
« Si on considère que la moitié des vapoteurs exclusifs resteront non-fumeurs et que le tabac tue un fumeur sur deux, c’est 150.000″ ex-fumeurs qui ne mourront pas prématurément et gagneront 20 années de vie », se réjouit-il.
Alors que le vapotage progresse, les ventes de traitements pour l’arrêt du tabac diminuent pour la première fois depuis 2009 : une baisse qui se traduit par un recul de 10% du nombre de patients traités (en moyenne un mois) qui seraient 2,1 millions en 2013 (contre 2,4 en 2012). Déjà en baisse l?an passé, le nombre de personnes ayant bénéficié de la prise en charge partielle du coût des traitements par l?Assurance maladie recule de 7,2 %.
Parallèlement, il y a moins de nouveaux patients qui se présentent chaque mois dans les consultations de tabacologie (en moyenne 13,2 contre 15,2 en 2012).
Néanmoins, la proportion des fumeurs en France serait bien passée sous la barre des 30% (contre 33,7% en 2010).
Les buralistes mettent en cause la validité de ces chiffres de vente en soulignant que la contrebande de cigarettes achetées à l’étranger, dans la rue ou sur internet, est passée de 3% en 2003 à 24-25 % aujourd’hui, soit, selon eux, 3,5 à 4 milliards de recettes fiscales perdues.
Source : AFP -Brigitte CASTELNAU